Manitou, le yawl bermudien de John Fitzgerald Kennedy

Article publié sur Bateaux.com le 05/03/2019

Auteur : François MEYER


John Fitzgerald Kennedy choisit Manitou parmi la flotte américaine comme navire de plaisance à usage personnel. Il le barrait souvent seul, accompagné de jolies femmes, dont l'actrice Marilyn Monroe…

Un pedigree fait pour la vitesse

Construit en 1937 dans le Maryland par Davies & Sons, Manitou a plus tard été connu sous le nom de “The Floating White House” (La Maison Blanche flottante).
Son architecte Olie Sparkman (Le Sparkman de Sparkman & Stephens) le conçut pour en faire un coursier destiné aux compétitions sur les Grands Lacs américains.
Le commanditaire de son lancement, James Lowe, était un coureur automobile fortuné décidé à s’offrir le plus rapide des bateaux de course de l’époque.
Il s’adressa à Sparkman & Stephens, les déjà célèbres architectes du moment, connus pour leur dessins ayant remporté à plusieurs reprise la coupe de l’America.
Par la suite, Sparkman et Stephens furent, entre autres, les architectes de Nautor, produisant en Finlande les très jolis Swan.

Un Yawl bermudien puissant, élégant et confortable

Caractéristiques:
  • Longueur : 18,90 m
  • Longueur à la flottaison : 13,40 m
  • Largeur : 4,20 m
  • Tirant d’eau : 2,60 m
  • Poids : 28 tonnes
  • Lest : 4 tonnes
Son gréement de yawl bermudien de course et les 167m2 de toile qu’il portait au près faisaient de Manitou (qui signifie “Esprit de l’Eau”, la divinité de toutes les divinités, en indien algonquin) un voilier à la fois puissant, confortable et élégant.

Manitou réquisitionné par l’US Navy

Après avoir gagné avant-guerre toutes les courses importantes qui intéressaient alors son propriétaire, Manitou allait participer à la Seconde Guerre mondiale. Lorsque James Lowe fût incorporé dans l’US Navy en 1942, le bateau l’y suivit. Manitou allait passer la Seconde Guerre mondiale à patrouiller au moteur le long de la côte nord-est des USA pour des missions de surveillance pour ensuite rejoindre en 1956 l’académie des garde-côtes américains.

Le président cherche un yacht

Peu de temps après avoir gagné l’élection présidentielle de 1961, JFK met son aide de camp naval à la recherche d’un voilier appartenant à la flotte américaine qui pourrait faire office de yacht présidentiel. Le design élégant et le pedigree de Manitou, le font rapidement remarquer à l’envoyé du président qui, après validation par JFK, l'achemine rapidement vers la Chesapeake Bay pour une mise en chantier un peu spéciale.

Des équipements à la James Bond

En pleine guerre froide, le Yacht présidentiel américain devait permettre au président de demeurer en contact permanent avec ses assistants et ministère. Un système de communication performant (pour l’époque) lui permettait de joindre le monde entier -Kremlin inclus- depuis son bord !
Pour son confort (et celui de ses invité(es)), une baignoire avait été montée dans la cabine du propriétaire, à l’arrière.
Bien que le président naviguait toujours entouré d’embarcations du Secret Service (service de protection du président), un équipet camouflé de la cabine arrière recelait un Colt 45 ACP ainsi que des munitions… Il fut plus tard remplacé par un lance-fusées plus pacifique !

1968, le bateau revient à une école de voile

En 1968, le “Harry Lundeberg School of Seamanship” acquis Manitou laissé vide depuis l’assassinat du président JFK. Durant les 15 années qui suivirent, le bateau servit à amariner de jeunes adolescents issus de zones défavorisées des USA, un peu à la manière de notre Père Jaouen en France.
Enfin, les descendants de son premier propriétaire le rachetèrent dans les années 1980 pour le restaurer et le faire participer depuis à bien des régates et évènements nautiques classiques.
Manitou qui écume les régates de vieux gréements méditerranéen vient d'ailleurs de changer à nouveau de propriétaire.

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