Bouts, drisses et cordages (3/3) - Les fibres

 

Bouts, drisses et cordages (3/3) - Les fibres

A l'origine de tous les cordages, sont les fibres, naturelles ou synthétiques, toronnées ou tressées.

Les fibres industrielles utilisées dans la plaisance appartiennent à cinq catégories. Avantages et caractéristiques dépendent des compositions qui affectent aussi leurs usages.

Bouts, drisses et cordages (3/3) - Les fibres

Les fibres naturelles

Les fibres naturelles comportent les fibres animales, qui ne sont pas employées à bord de navires, il s’agit des laines de poils, mais aussi du filage de fils de bave de larves, comme la soie.
Les fibres naturelles végétales sont utilisées par l’homme qui en réalise des cordages depuis la nuit des temps.
Les fibres peuvent être issues de feuilles (sisal), de tiges (chanvre, lin, jute), de fruits (coton) ou encore de fleurs comme le chanvre.
Avant l’arrivée des fibres synthétiques, les écoutes, drisses et surtout amarres étaient réalisées en câbles de chanvre, puis imperméabilisées au goudron après séchage.

Les fibres chimiques

Les fibres chimiques comptent parmi elles les fibres artificielles comme la cellulose, qui est une recomposition chimique de fibres naturelles.
A la catégorie des fibres chimiques appartiennent aussi les fibres synthétiques, parmi lesquelles on compte celles utilisées pour les drisses, amarres, écoutes, bras, estropes et autres haubans des voiliers actuels.
Ce sont les techniques industrielles de fabrication, qui permettent d’orienter plus de 90% des fibres dans le sens voulu, les fibres naturelles ne s'orientant dans ce dernier que dans 50 % des cas, qui firent l’obsolescence de ces dernières. Plus de fibres bien orientées, c’est un matériau à la résistance accrue.
Mais le terme “fibre synthétique” regroupe des appellations aux caractéristiques très différentes.

  • Le polyester
La drisse Callisto des Corderies Lancelin

C’est la fibre la plus utilisée dans le nautisme. On la connaît aussi sous le nom de Tergal ou de Dacron. On la reconnaît à la fumée noire qu’elle dégage sous la flamme d’un briquet.
Également résistant à l’eau, au ragage et aux ultraviolets, le polyester est aussi modérément élastique. Une version “haute ténacité" limite fortement son élasticité et autorise préférentiellement son utilisation sur les drisses et écoutes. Sur un voilier de 10 m, la drisse de grand’voile mesure environ 25 m, et ses 6 % d’élasticité représentent tout de même près de 10 tours de winch !

Le large éventail des caractéristiques du polyester permettent son emploi en cordage toronné ou en tresses pour des amarres. Au sein d’un cordage composite, une âme en polyester offre une élasticité limitée qui conviendra très bien aux écoutes ou aux drisses d’un croiseur familial. En gaine, le polyester offre une faible friction, ce qui l’adapte parfaitement à cette fonction.
Les amarres, écoutes et drisses âme et gaine polyester sont très répandues et d’un excellent rapport qualité prix.

  •  Le polyamide
Une amarre tressée en Polyamide des Corderies Lancelin

Fibre élastique, les câbles (toronnés) en polyamide supportent un allongement de plus de 20 % qui les rendent parfaitement adaptés à la confection d’amarres. Ils brûlent en dégageant une fumée blanche. Les chocs répétés d’un bateau tirant sur ses amarres conviennent très bien à ces fibres.

Le polyamide ne flotte pas, pas davantage que le polyester, et ne résiste pas éternellement aux UV ce qui explique la forte part de marché des amarres en polyester.

  •  Le polypropylène
Un bout flottant en polypropylène de la corderie Meyer-Sansboeuf

Matière légère et peu dense, le polypropylène flotte. Cette caractéristique en fait le bout idéal pour le remorquage, les bouts d’annexe ainsi que pour l’oringuage des ancres. Il résiste peu aux ultraviolets.

  •  Le polyéthylène
La tresse en Dyneema Racing des Corderies Lancelin

Dyneema et Spectra sont les deux appellations commerciales sous lesquelles on connaît ces fibres Polyéthylène à Haut Module (HMPE).
Très légers, hydrophobes, Dyneema et Spectra flottent, tout en offrant une élasticité extrêmement faible, de l'ordre de 1% de la longueur considérée.
A titre de comparaison, le Dyneema est quinze fois plus résistant que l’acier en termes de ténacité tout en restant très léger (-30%) par rapport au polyester.
Très résistant au ragage, on en fait des gaines ou des surgaines, il présente néanmoins un point faible de taille : le fluage.
Le fluage correspond à l’état d’un matériau que l’on a “déformé” au-delà de son élasticité naturelle. Le Dyneema, lorsque les efforts de traction appliqués dépassent sa classe d’emploi, ne casse pas, mais, plus insidieusement, flue et ne reprend plus sa forme initiale. Mais pour faire fluer une drisse, déjà surdimensionnée, en usage de croisière, le risque est faible. Pour le reconnaître avec les moyens du bord, le Dyneema fond, mais ne brûle pas au briquet, et ses fibres fondues se rassemblent alors comme une branche de chou-fleur.
Parfait pour les drisses et écoutes, les formes les plus évoluées comme le Dyneema DM20, au fluage archi faible, permettent la réalisation de gréement dormant à un tarif acceptable et une durabilité assez élevée. Même si la durée de vie s'établit en dessous de celle d’un gréement dormant en acier, la facilité de réparation (à base d'épissures) la compense largement.

  •  L’aramide

Plus connu sous une de ces appellations commerciales, Kevlar, Technora ou Nomex, l’aramide offre les mêmes caractéristiques de très faible élasticité que le Dyneema mais sans prêter le flanc au fluage.
Fibre très résistante, utilisée dans les casques et gilets pare-balles, le Kevlar déteste les ultraviolets, l'humidité et les plis changeants.
De ce fait, sa durée de vie est relativement modeste en mer et son prix élevé en fait davantage un produit de régate que de croisière.
Le Kevlar ne brûle ni ne fond à moins de 500 degrés, le briquet ne lui fera rien.
Les utilisations en drisses et écoutes ont échu au Dyneema, moins sensible aux éléments.
On trouve le Technora (aramide) sous forme de pataras, bastaques ou étais, toujours gainé de façon étanche en protection de l’eau et des ultraviolets, des applications nécessitant des cordages extrêmement peu élastiques et très raides comme le LS ETAI des Corderies Lancelin.

LS Etai des Corderies Lancelin

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