Le Pilote 6/6 : Le régulateur d'allures

Le Pilote 6/6 : Le régulateur d'allures


Auteur : François MEYER


Les régulateurs d’allures ont vu le jour lors des années 1930. Marin Marie Paul Emmanuel Durand Couppel de Saint-Front, dit Marin-Marie popularisa ces astucieux systèmes après sa transatlantique en solitaire sur son voilier Winibelle II en 1933.
Jean-Luc van den Heede a remporté la Golden race avec un régulateur Hydrovane à bord de Matmut.



Le régulateur d’allure, un pilote en mode “vent apparent”

Pilote automatique 6/6 : Le régulateur d'allures
Un régulateur d’allure est un système de pilotage mécanique et hydrodynamique autorisant un voilier à conserver une route constante par rapport à la direction du vent apparent (résultante vectorielle du vent vrai et de la vitesse du bateau) sans intervention de l’équipage.
Le régulateur d’allure dispose toujours d’avantages importants sur les pilotes électriques :
  • il fonctionne sans aucun apport d’énergie électrique.
  • les voiles du bateau demeurent réglées même quand le vent varie.
  • il est très puissant.
  • il est solide est simple, facile à réparer.
  • il est silencieux.
Sur les régulateurs contemporains, une pale aérienne détecte les variations de la direction du vent apparent et mobilise une autre pale, immergée, dont le rôle est d’agir sur un safran auxiliaire ou directement sur la barre.


Le régulateur d’allure de Marin Marie 


Cet appareil, rudimentaire, reliait une girouette à un axe transversal monté sur le gouvernail via des drosses.
L’action du vent sur la girouette selon un angle donné actionnait les drosses qui maintenaient le gouvernail en position.
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Le régulateur de Moitessier sur Joshua

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Sur Joshua, voilier à gouvernail arrière, fixé au tableau arrière du bateau, Moitessier installa un régulateur à pale aérienne relié par tringlerie à un volet installé sur le bord de fuite du safran.
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Les régulateurs d’allures de l’Ostar

Les voiliers modernes de l’époque étaient plutôt équipés de mèches et de jaumières, rendant le système de Moitessier inopérant.
Au début des années 1960, années héroïques de la course en solitaire, les principaux protagonistes de l’époque recherchaient tous une solution pour maintenir la course de leur voilier tout en se reposant.
Sir Francis Chichester développa sur Gipsy Moth une sorte de grande girouette de toile montée sur son mât de tapecul et fonctionnant avec des drosses. Nécessitant d’y prendre des ris, son système n’est pas passé à la postérité !
 
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Le régulateur de Blondie Hasler

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Herbert “Blondie” Hasler, l’officier commando britannique aussi célèbre pour son raid en kayak dans le port de Bordeaux en 1943 que pour la création de la course de l’OSTAR, perfectionna le système en y incorporant une pale immergée rotative.
Quand une pale aérienne fait pivoter cette pale immergée, la force de l’eau, due à la vitesse, pousse fortement sur celle-ci qui est libre de tourner autour d’un axe vertical. Des drosses récupèrent cette force et la transmettent au gouvernail.
Ce système offre aussi la présence d’un second gouvernail à bord, la pale immergée, redondance toujours utile sur le plan de la sécurité.
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La Golden race, VDH, Hydrovane et le grand retour des régulateurs d’allures

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Le règlement de la Golden Globe race impose de ne pas utiliser de pilotes électriques.
Le régulateur Hydrovane équipe Matmut de VDH qui n’eut qu'à se louer de son efficacité citant, entre autres de ses avantages : Aucune avarie, efficace 50 heures durant sous spi, et offrant un gouvernail de secours à bord.


Le système Hydrovane

Le système canadien Hydrovane consiste en une pale aérienne et une pale immergée tout comme dans le système de Hasler.
Toutefois, l’ensemble est est fortement fiabilisé par l’absence de liaison entre le système et le gouvernail du bateau, les deux systèmes cohabitent sans interférer.
Avec Hydrovane, c’est la pale immergée qui joue le rôle de safran auxiliaire et qui dirige le bateau utilisant l’énergie la direction fournie par la pale aérienne.
Enfin, pas de drosses, les deux pales étant assemblées via un système rustique et solide de tringlerie.
Pilote automatique 6/6 : Le régulateur d'allures
Une grande simplicité, une consommation électrique horaire égale à zéro ampères, la faculté de disposer d’un second gouvernail, un pilotage au vent apparent idéal, sans bruit, la navigation au régulateur d’allures va comme un gant à la philosophie du voyage au long cours.
Pas étonnant que ces régulateurs soient toujours utilisés par nombre de voiliers voyageurs au long cours...