Yachting - Herbert Von Karajan, un Maestro à la barre, passionné de voiliers

 

Yachting - Herbert Von Karajan, un Maestro à la barre, passionné de voiliers

Le célèbre chef d'orchestre d’origine autrichienne explora, au cours de sa longue carrière, un très vaste répertoire couvrant toutes les époques du baroque à la musique du XXe siècle. Mais il affectionnait tout particulièrement une autre musique, celle du vent dans le gréement, des embruns qui volent, et de l’eau qui chuinte sur les coques !

Herbert Von Karajan à la barre de son Maxi Helisara

Herbert Von Karajan à la barre de son Maxi Helisara

Heribert, Ritter Von Karajan (Ritter est le nom allemand utilisé pour désigner le titre de noblesse de Chevalier), Herbert von Karajan dans son acception usuelle, naquit au début du XXe siècle en Autriche et à laissé pas moins de 800 enregistrements qui en font le chef le plus enregistré du 20e siècle.

Un proche du pouvoir des années 1940 en Allemagne...

Quel parcours pour un jeune homme né en 1908, chef d’orchestre en 1940, du plus important orchestre allemand, celui de la capitale. Si son talent ne fait pas l’ombre d’un doute, son ascension stratosphérique fulgurante ne fit pas toujours l’unanimité, particulièrement dans l’Amérique du milieu des années 1950...

C’est que ce New-York, entre autres, abondamment peuplé d’hommes d’âge mûr ayant vécu les combats de libération en Allemagne nazie, goûtait peu l’accueil fait à un chef d’orchestre allemand : Karajan !

De fait, le jeune Herbert von Karajan (HvK) comptait parmi le cercle nazi de la culture proche du pouvoir et dirigeait déjà le Berliner Philarmonik depuis 1937...

Ainsi, le célèbre chef ne s’est-il pas privé de s’enrôler à deux reprises dans le parti nazi de Hitler. Une première fois dès 1933 en Autriche, et une seconde, en 1938, en Allemagne, cette fois, dès l’annexion de l’Autriche réalisée...

Hélas, après un incident lors d’un concert officiel auquel il assistait, Hitler allait désormais lui préférer son concurrent Furtwangler.

L’acquisition de son premier voilier Karajanides, remonte à cette période, ou il était applaudi le soir, par des foules dans lesquelles comptaient des uniformes noirs coupés près du corps, qui se distrayaient au concert avant de reprendre leurs sinistres besognes dans la journée...

Un parcours personnel “classique” après guerre

Rapidement dénazifié, il devient en 1948, le chef d’orchestre du Philharmonique de Londres avant de revenir en Allemagne, au début des années 1950.

Seule compte la première place

Esthète, pilote et amateur éclairé d’art et d’objets rares, Herbert von Karajan HvK appréciait particulièrement les belles mécaniques. Ferrari, Rolls-Royce, Ford GT40, AC Cobra, Mercedes 300 SL Gullwing, toutes passèrent par son garage.

Mais c’est avec la firme Allemande Porsche que l’aventure ira au plus loin, celle-ci allant jusqu’à lui construire sur commande, un exemplaire spécial et unique, la 930 Turbo RSR “von Karajan” qui portait, à la base de son aileron arrière, le patronyme du chef en plus de sa livrée Martini Racing et qui vint rejoindre ses 356 Carrera et RSK Spyder...

Il pilotait par ailleurs ses avions et hélicoptères, Beechcraft, Learjet, puis Falcon 10 et prenait, dès que possible, les commandes des “Concorde” qui l'emmenaient aux USA, sous la supervision du commandant de bord...

Départ le la Rolex Middle sea race

La naissance des courses en équipage en Méditerranée

Giraglia, Middle Sea Race, Nioulargue, ont toutes vu le jour entre les années 1960 et 1980. Autant de courses réellement disputées, et pour lesquelles de prestigieux armateurs engageaient des voiliers de plus en plus puissants, et qui se concluaient par des fêtes et soirées autorisant des contacts informels, bien utiles en affaires.

La “Giraglia” est née en 1952 de la volonté de deux amis Français et Italien de resserrer les liens, distendus par l’invasion du sud de la France par les armées de Mussolini, entre les deux républiques voisines.

La “Nioulargue”, (aka “Les Voiles de Saint-Tropez) n’était à ses débuts qu’un duel entre copains dont la ligne d’arrivée se situait devant la plage du Club 55 à Pampelonne qui organisait les festivités avec champagne et jolies filles.

La Middle Sea Race (le tour de la Sicile, départ et arrivée à Malte), était pour sa part considérée par certains comme la plus belle régate du monde (en terme de qualité d’escales et de paysages).

Parmi les habitués officieux figuraient la famille Agnelli (FIAT, yacht Agneta), Owen-Jones (président de l’Oréal durant 23 années, yacht Magic Carpet 2) mais aussi, Bich (BIC, nombreux voiliers), Rothschild (Banque Rothschild, yachts Gitana), l’Aga Khan (développeur de la Costa Smeralda) et bien d’autres aussi discrets que fortunés.

Soleil, esprit de compétition, technique, vitesse, design, fêtes, tout était réuni pour que grandisse le succès de ces courses et c’est ce mouvement que suivit, tout naturellement, Karajan dans ces années, déjà installé sur le Presqu’île.

Saint-Tropez, haut-lieu de la voile chic
 

Au milieu des années 1960, toute l’aristocratie financière et l’intelligentsia européenne prend ses quartiers d’été à Saint-Tropez, dans le Var.

C’est l’époque de l’essor du yachting, des voiliers classiques et des -encore petits- yachts des émirs, le tout dans une ambiance à la OSS-177.

De la course automobile qu’il pratiquait volontiers à la course en mer, le pas n’était pas large à franchir !

Installé à Saint-Tropez, depuis la fin des années 1950, à l'entrée de la baie des Canoubiers, Karajan y mouillait là ses voiliers. Entre 1967 et 1980, il ne fit pas lancer moins de 6 yachts, tous nommés Helisara, acronyme résultant des premières lettres de son prénom, de celui de sa troisième femme et de ceux de leurs deux jumelles.

Du premier Helisara, modeste sloop d’une longueur de 36’ au plus important, Helisara VI, 71’, un des maxis les plus en vue de l’époque, les caractéristiques des bateaux de Karajan reflétaient son engagement pour la victoire.

A bord d’Helisara I, un One Ton, qui remporta la Giraglia

 

Helisara II, un sloop plan Carter, fabriqué en Hollande en 1969
Helisara II, un sloop plan Carter, fabriqué en Hollande en 1969
Helisara IV un sloop C&C yachts, Ontario de 61’,
Helisara IV un sloop C&C yachts, Ontario de 61’,
Helisara V, un sloop Morgan Yacht, de 1967, étudié en soufflerie, 50 victoires
Helisara V, un sloop Morgan Yacht, de 1967, étudié en soufflerie, 50 victoires
Helisara VI, un maxi parmi les plus rapides
Helisara VI, un maxi parmi les plus rapides

Les “maxi” sont une jauge IOR dont la longueur à varié entre 72’ dans les années 1980, à 82’ au cours des années 2000 pour atteindre désormais 100’. Ces voiliers de course en équipage, très puissants et relativement lourds, regroupaient les voiliers les plus rapides et les plus élégants de l’époque.

Helisara VI, son dernier bateau, un 72’ maxi custom par German Frers faisait figure d’un des voiliers les plus rapides de son époque à son lancement en 1980.

Karajan réunissait à bord un équipage professionnel, tous vêtus d'un polo rouge, rigoureusement immaculé, et qui s’activait dans une partition bien orchestrée sous les yeux du maître qui aimait prendre la barre !

A bord de ce bateau, HvK participa et reporta de nombreuses régates, aussi bien en Méditerranée qu’en Atlantique.

Helisara 6, désormais restauré, est de retour en mer !
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