JYC, le Capitaine de Corvette Jacques-Yves Cousteau, commandant de la Calypso


JYC, le Capitaine de Corvette Jacques-Yves Cousteau, commandant de la Calypso

JYC, le Capitaine de Corvette Jacques-Yves Cousteau, commandant de la Calypso

Il est des hommes qui vivent des existences plus remplies que d’autres.
Né au début du XXe siècle, marin, inventeur, contre-espion, plongeur, océanographe, navigateur, biologiste, écrivain, académicien, Jacques-Yves Cousteau à connu plusieurs vies !

Engagé volontaire dans la marine nationale

Entré en 1930 à l'École Navale (l’école qui forme les officiers de la Marine Nationale), l’enseigne Cousteau est affecté d’abord sur la Jeanne d’Arc (alors un croiseur-école, non pas le porte aéronef qui lui succéda) puis s’oriente vers une formation de pilote aéronautique.

Gravement accidenté sur la route, Jacques-Yves Cousteau (JYC), désormais officier canonnier breveté, est affecté sur le cuirassé de 18.000 tonnes Condorcet, basé à Toulon (le navire finira sabordé en 1942 lors de l’invasion de la zone libre).

Bien qu’originaire de la région bordelaise et installé depuis longtemps dans le Var, le jeune Cousteau découvre vraiment la mer en compagnie d’un autre officier du Condorcet, plus âgé que lui, Philippe Taillez.
Ce dernier, chasseur sous-marin invétéré, lui fait essayer des lunettes sous-marines : c’est le déclic pour Cousteau, il consacrera son existence à la vie sous-marine.

Depuis les criques bandolaises, sanariennes et toulonnaises, Cousteau et sa bande d’amis, Frédéric Dumas, Philippe Taillez et Léon Vêche forment une équipe de passionnés de chasse et de vie sous-marine.

Ils expérimentent le scaphandre autonome inventé par MM. Le Prieur et Fernez au début des années 1930 qui leur permet de passer de longues minutes immergés mais nécessite des réglages manuels en fonction de la profondeur.

Dumas avec le scaphandre Dumas Le-Prieur

Cousteau, nommé à Toulon au Service de Renseignement de la Marine Nationale participe à la campagne de 1940 et au bombardement naval français de Gênes.
Pendant l’occupation, il participe à un réseau de résistance qui cartographie les installations italiennes d’occupation du sud de la France.

Inventeur du détendeur compensé de plongée à l’air

Au cours de l’occupation, son beau-père, président de l’Air Liquide, lui présente un jeune ingénieur, Gagnan, qui perfectionne le scaphandre autonome Le Prieur.
Cousteau s’associe avec Gagnan et met au point le premier scaphandre autonome automatique. Testé avec succès par sa bande d’amis du midi, les bientôt connus sous le nom de “Mousquemers”, Gagnan et Cousteau brevettent en 1945 le scaphandre autonome CG45, ancêtre de tout le matériel de plongée autonome à l’air.

La plongée sera pour Cousteau une grande passion. Il entraînera dans son sillage tous ceux qui ont fait la plongée française, George Beuchat, fondateur de la marque éponyme, Henri Delauze, qui fonda la Comex (plongée profonde professionnelle) et bien d'autres encore.
Dans ses deux premiers ouvrages “Par dix-huit mètres de fond” et “Le monde du silence”, Cousteau décrit de manière croquignolesque les dizaines d’accidents de plongée qu’ils subissent, découvrant, à leur corps défendant, les lois de décompression des gaz sanguins…
Le célèbre bonnet rouge qu’il arborait volontiers fait hommage aux scaphandriers lourds qui précédaient l’époque du scaphandre autonome et affectionnaient ce couvre-chef.

Il crée en 1945 “La Spirotechnique” qui commercialise depuis des décennies un matériel de plongée d’excellente qualité, connu sur les marchés export sous le nom d’”Aqualung”.

 

Le père de la plongée militaire française

Nommé chef du GRS (Groupement de Recherches Sous-marines) par le chef d’état major de la marine suite à la projection du premier film sous-marin tourné en scaphandre autonome en 1945, il dispose d’un aviso sous ses ordres avec lequel il va entreprendre ses premières campagnes.
Le GRS est connu aujourd’hui dans la Marine Nationale sous le nom de CEPHISMER et se trouve à l’origine de toutes les activités et unités militaires subaquatiques françaises.
On y alternait déminage, plongée sur épaves et missions exotiques comme le sauvetage du bathyscaphe de Jacques Piccard, fils d’Auguste Piccard -le modèle du Professeur Tournesol pour Hergé-...

La Calypso et les Campagnes Océanographiques Françaises

Placé, à sa demande, hors cadre de la Marine Nationale en 1949 (il est alors Capitaine de Corvette, ou commandant), le commandant Cousteau fonde une société, la COF, destinée à héberger ses activités océanographiques.
La recette de financement est originale pour l’époque, mélangeant mécénat, océanographie et business.

● Mécénat car c’est le milliardaire Thomas-Loel Guinness qui lui loua pour 1 franc à vie la Calypso et signa un chèque pour équiper le bateau et en faire le premier navire océanographique moderne.

● Océanographie, à bord de la Calypso, lancé en 1951, (que nous avons décrit dans un autre article), les équipes du Pacha (autre surnom de JYC) vont sillonner les mers du globe durant quatre décennies au cours de plus de cinquante missions qui les mèneront aux quatre coins du monde.
C’est au cours de commissions que furent tournées une dizaine de films ainsi que la série documentaire L’Odyssée sous-marine de l’équipe Cousteau.
L'objectif du commandant n’était autre que la préservation des océans et pour les protéger, il fallait les faire connaître :
“Mon but n'est pas d'enseigner, je ne suis ni un scientifique ni un professeur. Je suis un découvreur, mon but est d'émerveiller. On aime ce qui nous a émerveillé, et on protège ce que l'on aime.”
La Calypso recevait en permanence, en plus de son équipage, des hôtes parmi lesquels des scientifiques intégrés aux programmes de recherches et des journalistes qui participèrent à la renommée de ses expéditions.

● Business aussi car la Calypso participa à toutes sortes de campagnes en tant que prestataire de services privé comme le relevé topographique sous-marin préalable à la réalisation du gazoduc sous-marin Algérie-France, ou des recherches de champs pétrolifères un peu partout dans le monde.

Un inventeur inspiré

Inventeur et visionnaire prolixe, Cousteau mit au point différents matériels très utilisés.
- Le scaphandre autonome et son détendeur asservi à la profondeur
- Les dispositif individuels de flottabilité des plongeurs
- La combinaison sèche de plongée (pour les plongées froides)
- La soucoupe plongeante, embarquée sur la Calypso et capable d’atteindre les 400 m de fond.
- Une caméra vidéo sous-marine
- Un système de propulsion éolien utilisé sur l’Alcyone
- Le concept de plongée en saturation à l'azote dans lequel les plongeurs sont préparés sous cloche à leurs sorties profondes.
- La cage à requins
- Le scooter sous-marin
- L’habitat sous-marin
- Un système de communication radio sous-marins

La Cousteau Society

Porté par une célébrité mondiale, les années 1980 voient naître les grands projets du commandant, parc à thème à Norfolk (USA) qui ne verra pas le jour, plongée sur le Britannic -sistership du Titanic-, parc océanique à Paris (ouvert en 1989, fermé en 1992).

Ce sont aussi les années noires, avec la disparition du fils aîné dans un crash d’hydravion au Portugal dont Cousteau enverra son fils cadet, Jean-Michel, reconnaître le corps…

Jean-Michel Cousteau est par ailleurs auteur de tous les films produits sous le nom de Cousteau mais JYC ne partageait pas les feux de la rampe…

Révélations aussi sur sa double vie avec son remariage sept mois après le décès de sa première épouse et l’apparition de deux enfants supplémentaires. C’est probablement la raison pour laquelle le commandant ne s’engagea jamais en politique, les secrets ne le restant pas longtemps.

Elu à l’Académie Française en 1989, il se brouille avec Jean-Michel puis disparaît en 1997.

La suite, banale, c’est celle d’une succession qui tourne à la bataille entre héritiers…