Bouts, drisses et cordages (2/3) - Les drisses et écoutes

 

Bouts, drisses et cordages (2/3) - Les drisses et écoutes

Par le passé, écoutes et drisses étaient réalisées en fibres naturelles puis toronnées, à la manière des amarres.

Il n’en est plus rien aujourd’hui et ces cordages sont réalisés de manière composite, en matière synthétique afin d’atteindre les propriétés recherchées.

Comment sont construites une écoute ou une drisse, quelles sont leurs caractéristiques, comment les appréhender ?

Bouts, drisses et cordages (2/3) - Les drisses et écoutes

Quelles sont les caractéristiques des écoutes et des drisses ?

A la différence des amarres, que nous avons déjà étudiées, drisses et écoutes
doivent offrir une élasticité limitée, ce sont des cordages raides. Une voile étarquée ou une écoute bordée doivent conserver leur réglage. L’élasticité se caractérise via le module de Young, une constante liant la traction et la déformation.

La masse des écoutes et des drisses doit être contenue pour éviter d’en placer dans les hauts et augmenter le couple de renversement.

Le diamètre doit être compatible avec les réas, bloqueurs et winches, et les rayons de courbures plus ou moins importants.

Si ces cordages ne doivent pas êtres élastiques, leur résistance à la rupture, ténacité ou charge de rupture doit être la plus élevée possible.
On la calcule facilement : Surface de voile (m²) x Vitesse du vent² (en nœuds) x 0,021 = Charge de travail (en DaN) x 5 = Charge de rupture.

Enfin, les écoutes et une partie des longueurs de drisse passent leur existence dehors, exposés aux embruns et aux rayons ultraviolets du soleil. Ces derniers sont destructeurs pour les cordages dont la résistance aux UV forme un paramètre essentiel.

La fabrication des fibres et la construction des écoutes et des drisses

La fibre

Le procédé d’extrusion

Pour faire une fibre, les industriels fondent des polymères puis l’extrudent au travers d’une filière chauffée, à une vitesse de passage élevée (60 km/h).
L’extrusion consiste à forcer le passage d’un matériau sous pression, dans une forme, la filière. Très utilisée, cette technique est à la base de la production de fibres synthétiques mais aussi des célèbres Curly !

Les filaments
A la manière de la laine ou d’autres fibres naturelles, les fibres, qui sont discontinues, sont torsadées entre elles pour former un filament.

Les fuseaux
Ces filaments sont ensuite torsadés en fuseaux. Cette technique est proche de celle servant à la fabrication d’un câble par toronnage, catégorie à laquelle appartiennent les amarres.

L’âme

Le tressage de l’âme (image Corderie Lancelin)

Installés sur un métier à tisser, les fuseaux sont tressés entre eux pour former l’âme du bout. On compte fréquemment 12 à 24 fuseaux dans un bout. Ce tissage, très différent du toronnage des amarres, différencie fondamentalement les propriétés des drisse et écoutes. Selon le type de tressage, on obtient des tresses plus ou moins élastiques acceptant des rayons de courbures plus ou moins serrés.

La gaine

Tressage de la gaine (image Corderie Lancelin)

Une tresse, laissée nue, exposerait ses fibres à l’abrasion des bloqueurs, réas, etc. Pour lui conférer des propriétés de résistance à l’abrasion, on la gaine d’un tube de protection, la gaine.
Si l’usure contrôlée de la gaine est normale, il n’en va pas de même pour l’âme. Une âme entamée implique la recoupe ou le remplacement du bout. Pour cette raison, il est judicieux de prévoir une surlongueur sur les drisses, permettant la recoupe de ces dernières et l’élimination de l’extrémité de tête de mât rageur sur les réas. On prévoit ainsi une longueur totale de drisse égale à 2,5 x la hauteur du mât.

La surgaine

La surgaine (image Corderie Lancelin)

Enfin, aux points sensibles, on peut renforcer, ponctuellement, les écoutes ou les drisses en les surgainant.
Selon l’effet désiré (accentuation ou limitation de la friction), on choisira une surgaine en dyneema, offrant peu de résistance à la friction, pour la portion de drisse portant sur le réa ou, dans le cas inverse, une surgaine en kevlar/aramide, offrant une friction forte, judicieusement placée pour assurer l'efficacité du bloqueur.
Attention, une surgaine en dyneema qui porte sur un winch ou un bloqueur fait l’effet d’un bon graissage de sa poupée: pas de friction, pas de traction !

La terminaison

La terminaison (image Corderie Lancelin)

Sur des bouts composites comme les drisses et écoutes, pas question de laisser les terminaisons s’effilocher et se défaire.
Sans arrêt propre des extrémités, âme et tresses vont se défaire.
On peut terminer un bout au ruban adhésif, c’est plutôt une solution provisoire.
Il existe des solutions thermo-rétractables à la manière des gaines thermoélectriques.
On peut surlier, c’est élégant et instructif, mais long, surtout si on remplace d’un coup tout le gréement courant. La surliure génère aussi une légère surépaisseur qui peut gêner le passage dans un bloqueur si on est déjà juste. C’est la solution traditionnelle.
Enfin, pour clôturer ce tour d’horizon des terminaisons de bout, on peut, faire une terminaison nouée. C’est le principe du nœud constrictor. C’est très facile, on raccourcit (légèrement 1 cm) l’âme du bout en question et on vient refermer la gaine derrière lui avec un nœud solide et définitif.
Côté voile, à diamètre égal, une épissure prise sur une manille bien calibrée offre une résistance à la rupture près de deux fois supérieure à celle d’une drisse à l’extrémité de laquelle on a réalisé un nœud de chaise.

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